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31 août 2017 / petronnus

J’ai essayé pour vous : visiter le Bangladesh

Nouveau contributeur sur Hindi Adi, cet article est à la fois l’occasion de me présenter et d’introduire une série d’articles que j’envisage d’écrire sur mon séjour d’un mois et demi au Bangladesh.

Je suis arrivé à Dhaka pour la première fois le 1 avril 2015. Même si cela faisait cinq ans que je m’intéressais au Bengale pour mes études sur le 19e siècle, j’ignorais presque tout du Bangladesh. J’avais suivi quelques cours à l’INALCO, dont certains parlaient spécifiquement de l’indépendance de ce pays.

Initialement, je devais préparer l’agrégation d’histoire, mais suite à un revirement de politique des bourses, j’ai décidé d’abandonner. Je voulais donc profiter des quelques mois de libres que j’avais avant de devoir comparaître devant mes futurs élèves. Après avoir vaguement cherché du travail ou un échange universitaire, j’ai décidé de partir en Asie du Sud pour quatre mois d’avril à août. Ce devait être mon troisième séjour dans la région. Pour ce troisième voyage, j’ai décidé de visiter les pays limitrophes. Mon projet initial était de passer une partie de mon séjour au Bangladesh avant d’aller en Inde.

Début février, j’ai donc pris un aller Paris-Dhaka et un retour Delhi-Paris. Globalement à l’époque, le Bangladesh n’évoquait que la mousseline, des tigres, mais aussi la famine de 1943 ou encore les émeutes de Noakhali. J’avais aussi en tête les événements récents, comme l’effondrement du Rana Plaza ou les  troubles accompagnants les élections de 2014.

J’ai donc été très déçu en arrivant à l’aéroport de ne pas être accueilli par un employé habillé en mousseline. Plus sérieusement, l’accueil à l’aéroport était tout ce qu’il y a de plus normal, si ce n’est qu’il était 3 heures du matin. Mais ce n’était pas la faute des bangladais, mais de mon choix de compagnie aérienne (en même temps Air France ne désert pas l’aéroport de Dhaka).

Il est 3 h 20 du matin quand je sors enfin de l’aéroport pour me retrouver en plein air, heureux de me trouver à nouveau dans un environnement humide, un peu le sentiment de retourner dans le ventre de ma mère. Moi qui ai toujours un peu de mal à demander des services à des inconnus, je suis dans l’obligation d’emprunter un téléphone pour appeler Jahirul, mon hôte pour la nuit et les jours à venir.

Je demande donc à un des nombreux employés de l’aéroport qui doivent contrôler la circulation des taxis (de ce que j’ai compris) d’appeler au numéro fourni. Il le fera sans difficulté et sans demander de contrepartie. Ne voulant pas le vexer, je décide de ne rien laisser. Ce sera d’ailleurs une constante preuve de l’hospitalité locale.

Département des arts, université de Dhaka

Devant une statue du département des arts de l’université de Dhaka.

Je ne vais pas faire un journal de mon séjour au Bangladesh, cela risque de vous ennuyer et j’ai essayé de le faire sur mon blog. C’est donc très heureux que j’arrive dans ma chambre à Uttara vers 4 h du matin. Mon séjour à Dhaka comme ailleurs est sans encombre majeur. J’ai bien sûr été parfois confronté à des gens qui cherchent à me faire payer bien plus cher que le prix réel. Mais cela a toujours été fait de façon assez « honnête ». Je veux dire, il a toujours été évident que je devais payer plus cher. Un chauffeur de CNG (c’est ainsi qu’on appelle les auto-rickshaws au Bangladesh) à Chittagong m’explique même calmement que le tarif est pour les locaux, mais moi comme j’y vais uniquement pour regarder, je dois payer plus cher. La conversation a eu lieu en bengali, j’aurais bien aimé savoir d’où il pensait que je venais et qu’est-ce qui faisait de moi un touriste. Cela me rappelle une discussion que j’ai eu avec mon amie Monalisa, productrice bengalie installée à Bombay, au sujet des chauffeurs de rickshaw de Delhi : « If you are from outside the place, they will charge you more. » Preuve que cette pratique n’a rien de spécifiquement bangladeshi, ni bengali. Ami lecteur, vous qui lisez ces lignes, je tiens à clarifier le fond de ma pensée, je ne fais pas une leçon de morale. Je suis même le premier à payer un peu plus quand il n’y a pas une volonté éhontée de me tromper.

Les rares peurs que j’avais au sujet du Bangladesh se sont vites dissipées. Et j’ai donc été très surpris quand Tina, mon amie franco-bangladaise, m’a annoncée qu’il y allait avoir une exécution capitale et surtout que le pays était sous le coup d’un hartal depuis plusieurs jours déjà. Un hartal est une grève qui se veut assez forte normalement les magasins sont fermés et personne ne circule. C’est donc le cœur léger que je retourne à Dhaka pour la deuxième partie de mon séjour, la plus intéressante : la rencontre avec les Bangladeshis. Dans la première moitié de mon séjour, j’ai surtout été logé dans des hôtels ou des pensions chez l’habitant. J’ai ensuite été chez des amis d’amis qui sont devenus mes amis et c’est le cœur serré, que je suis monté dans le Moitree Express, le seul train qui relie Dhaka à Calcutta le 29 avril 2015.

La suite au prochain épisode…

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